18/10/2023, Lyon, HDJ dépendant de St-Jean de Dieu

La référente vient nous chercher seule : les deux enfants sont restés avec l’infirmière et d’autres éducateurs, trop « peu calmes » … Deux enfants donc, notre petit compagnon depuis début septembre et un autre en observation par le service avant prise en charge.

L’attention se porte vers le « nouveau » qui n’a pas peur des chiens : il est venu seul vers nous, mais n’a pas très envie de rentrer dans la salle. Il est assez à l’aise pour fouiller d’emblée dans la poussette de matériel, et pas tellement d’accord pour s’asseoir sur une chaise pour se présenter les uns les autres. Il ne parle pas vraiment, mais semble bien comprendre. Sur les genoux de l’une ou l’autre des référentes, il prend contact avec Jazz, se désintéresse de Mousse au début. Les pieds nus dans la fourrure de Jazz, il le regarde, puis quand on lui propose une friandise à donner au chien, il se lève et va la mettre dans une des gamelles (remplie d’eau), deux nouveaux essais aboutissent au même résultat : a-t-il l’habitude de fréquenter des chiens à qui on ne donne que dans la gamelle ? Ou bien fait-il un parallèle avec une assiette ?

Il doit connaître la pratique de l’équithérapie, car il essaie plusieurs fois de chevaucher Jazz ou Mousse, on l’en empêche bien sûr, ce ne sont pas des chevaux !

« L’ancien » est encore perturbé par la présence d’un nouveau et nous offre quelques provocations pendant la séance : jouer avec les tringles des stores contre les vitres, se cogner avec force la tête, balancer une chaise, lancer un des disques souples vers nous, frapper avec le scoubidou de polaire, hésiter à jeter à terre (ou contre la vitre?) le jeu 05 des plateaux tournants (sans le faire après une remarque de ma part ouf !) … et en plus doux : mettre la grosse pieuvre dans la gamelle d’eau, prendre un bain de pied dans cette même gamelle, cracher à l’occasion …

Le nouveau entreprend aussi de monter dans la poussette, déjà un pied dedans … J’arrive à rentrer en contact avec lui en frottant son pied nu dans la fourrure de Mousse, puis je lui propose le scoubidou en polaire pour qu’il tire contre moi : j’obtiens un sourire, Mousse n’est pas encore prête pour ce jeu, mais on s’entraîne à la maison, car elle lâche tout de suite par respect !

Mousse face à cette agitation est elle aussi perturbée, elle se colle contre moi, puis pose sa patte, puis ses deux pattes sur mes genoux, tout juste si elle ne monte pas complètement : j’alterne les réactions, caresses, retour à la position assise, ferme mais non tendu, un peu de fromage. Quand elle est appuyée sur mes genoux, plus facile de proposer un brossage à l’enfant … Ses pieds semblent un vrai moyen d’exploration pour lui.

Puis le nouveau sur les genoux de l’infirmière s’avise des cheveux longs de celle-ci et tire à pleine main, difficile de le faire arrêter … même en s’attachant les cheveux en chignon rapide. Je vais chercher un des jouets de Mousse, une chèvre filiforme en peluche fourrée d’un matériau bruyant comme un papier froissé … détourner l’attention de l’enfant fonctionne un peu, pas longtemps car lui s’amuse beaucoup à tirer les longs cheveux. Puis il se dirige vers Christine, tester les cheveux courts ? Il a aussi plus ou moins tiré les poils des chiens, mais cela peut-être aussi une façon, inadéquate, de connaître … Pas pour les cheveux de la référente, net jeu de provocation !

Au bout d’un moment, je propose à l’ancien de venir promener Mousse dans le couloir. Le nouveau observe Jazz, les pieds dans sa fourrure … J’espère pouvoir offrir au premier un moment d’attention pour lui seul, mais on nous rejoint bien trop vite … dommage ! On fait un aller et retour avec la grande laisse, puis la laisse très courte est bien acceptée. L’autre enfant se promène avec Jazz …

C’est alors que des fauteuils et tables et cuisine-jouet sont livrés en plusieurs fois. L’ancien trouve tout de suite à en tirer partie : entre les deux fauteuils tête-bêche, il se glisse dans l’interstice et se fait pousser dans sa cachette improvisée par le livreur … et recommence avec les deux fauteuils suivants !

On réintègre la salle, mais visiblement les enfants sont fatigués. On plie bagage, je demande au nouveau de me chercher l’un des chiffons resté au milieu de la salle pour envelopper au mieux ma pieuvre bien trempée … Il le fait très gentiment.

Après les congés de Toussaint, un autre enfant doit être en observation, une petite fille … Nous ne savons pas encore quel groupe sera constitué à l’avenir, mais Christine et moi nous interrogeons sur les dispositions à envisager pour calmer l’ambiance : n’emporter qu’un minimum de jeux, proposer un aménagement plus chaleureux de la salle avec quelques-uns des fauteuils, travailler séparément les enfants par moments avec le couloir et la salle ? À voir … à suivre !

Tandis que nous discutons, la famille du « nouveau » vient le chercher, il est très calme et Mousse va vers lui spontanément … Puis un des jeunes garçons de l’an dernier, rendez vous régulier d’avant séance, vient nous dire bonjour, je lui explique notre changement d’horaire et lui offre une carte postale de mes trois visiteuses. Il caresse Mousse qui en redemande et Jazz qui apprécie aussi. Ce temps de discussion a permis à nos chiens de décompresser, même Jazz a marqué une certaine déstabilisation pendant la séance ...

Françoise